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avec son ami Fleurieu à une séance de l’Académie des sciences et belles-lettres. L’archevêque de Lyon, patron de l’Académie royale, ne pouvait aimer les allusions à la naissance de son neveu ; il s’en prit à Voltaire. Pour menacer ses écrits de poursuites on n’avait que l’embarras du choix ; il s’entendit avec le duc de Villars, gouverneur de la ville, et Voltaire jugea prudent de quitter Lyon le 9 décembre 1754, en attribuant au discours de Tolomas les tracasseries qui l’inquiétaient. La mauvaise humeur de d’Alembert devait naturellement s’en accroître.

On peut rapprocher de cette affaire Tolomas les efforts de d’Alembert pour obtenir la suppression de la feuille de Fréron, l’Année littéraire.

On attaquait de toutes parts les Encyclopédistes comme ennemis des lois et de la religion. D’Alembert et Diderot étaient traités chaque jour d’empoisonneurs publics. Fréron, que Voltaire a rendu intéressant à force d’injustice, était un des plus violents détracteurs de l’œuvre. D’Alembert osa porter plainte à M. de Malesherbes, directeur de la librairie. On espérait de lui plus que de la bienveillance pour l’Encyclopédie ; on en avait acquis le droit.

M. de Malesherbes, peu de temps avant, forcé par des ordres supérieurs de faire saisir les papiers de Diderot, le fit prévenir quelques heures à l’avance. « On me laisse trop peu de temps ! s’écria-t-il, où voulez-vous que je les cache ? — Qu’il les envoie chez moi, répondit Malesherbes, ils y seront en sûreté. »

S’il était prêt à protéger ses amis, M. de Males-