Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1895.pdf/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Non, la gloire, noblesse dont les armoiries ne se vendirent jamais, n’est pas la savonnette à vilain qui s’achète, au prix du tarif, dans la boutique d’un journaliste !

Et j’ai prié, et j’ai aimé, et j’ai chanté, poète pauvre et souffrant ! Et c’est en vain que mon cœur déborde de foi, d’amour et de génie !

C’est que je naquis aiglon avorté ! L’œuf de mes destinées, que n’ont point couvé les chaudes ailes de la prospérité, est aussi creux, aussi vide que la noix dorée de l’Égyptien.

Ah ! l’homme, dis-le-moi, si tu le sais, l’homme, frêle jouet, gambadant suspendu aux fils des passions, ne serait-il qu’un pantin qu’use la vie et que brise la mort ?


fin