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tombeaux, des dalles d’oratoires ; des pierres où l’encens a fumé, où la cire a brûlé, où l’orgue a murmuré, où les ducs vivants ont fléchi le genou, où les ducs morts ont posé le front. — Ô néant de la grandeur et de la gloire ! on plante des calebasses dans la cendre de Philippe-le-Bon ! — Plus rien de la Chartreuse ! Je me trompe. — Le portail de l’église et la tourelle du clocher sont debout ; la tourelle élancée et légère, une touffe de giroflée sur l’oreille, ressemble à un jouvenceau qui mène en laisse un lévrier ; le portail martelé serait encore un joyau à pendre au cou d’une cathédrale. Il y a outre cela, dans le préau du cloître,


    que chapelles portatives à personnages d’ivoire, que peinture et sculptures exécutées par les premiers artistes du temps. La vaisselle pour le service de l’autel pesait 55 marcs. — Le marteau de la révolution en jetant en bas la Chartreuse avait dispersé dans les cabinets de quelques curieux les débris des tombeaux de Philippe-le-Hardi, de Jean-sans-Peur et de Marguerite de Bavière, femme de ce dernier. (Charles-le-Téméraire n’avait point fait élever de monument à son père Philippe-le-Bon.) Ces chefs-d’œuvres de l’art au xve siècle ont été restaurés et placés dans une des salles du musée de Dijon.