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Toi, sont-ce là tes loisirs, jeune reclus qui, seul dans ta cellule, t’amuses à tracer des figures diaboliques sur les pages blanches de ton livre d’oraisons, et à farder d’une ocre impie les joues osseuses de cette tête de mort ?

Il n’a pas oublié, le jeune reclus, que sa mère est une gitana, que son père est un chef de voleurs ; et il aimerait mieux entendre, au point du jour, la trompette sonner le boute-selle pour monter à cheval, que la cloche tinter matines pour courir à l’église !

Il n’a pas oublié qu’il a dansé le bolero sous les rochers de la sierre de Grenade avec une brune aux boucles d’oreilles d’argent, aux castagnettes d’ivoire ; et il aimerait mieux faire l’amour dans le camp des bohémiens que prier Dieu dans le couvent.