Page:Berton - Ode à Eugène Le Roy, 1927.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les voisins, réunis pour platusser[1] un brin,
Raconter une histoire ou chanter un refrain,
Égrener le gros blad[2] ou, d’un maillet agile,
Casser lou viel cacau[3] pour en faire de l’huile,
Parler de l’Aversier[4] ou du grand Lébérou[5]
Et manger la châtaigne en buvant le vin doux…


Puis, c’était un parfum odorant de cuisine
Qui montait de ce livre et m’enflait la narine….
Je revoyais, fumant aux soupières d’étain,
L’épaisse soupe aux choux et le léger tourain[6]
Que l’on mange, le coude appuyé sur la table,
En en laissant un peu, coutume délectable,
Pour y verser du vin et, la serviette au col,
Déguster ce nectar qu’on nomme le chabrol
La tourtière de fonte où mijote la daube,
Feu dessus feu dessous et qui cuit depuis l’aube ;
La podelo[7] où la ménagère fait sauter
Les quartiers de confit[8] qu’on vient de dépoter ;
Et la dinde ventrue, et la poularde obèse
Qui rôtit lentement devant un feu de braise,

  1. Bavarder.
  2. Maïs.
  3. Les noix vieilles.
  4. L’Antechrist.
  5. Le Loup-garou.
  6. Soupe à l’oignon.
  7. La poêle.
  8. Quartiers de volaille que l’on conserve dans des pots de grès
    remplis de graisse.