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Et toutes la laissant seulette.
Elle viderent la bougette.
Garde aurai d’oublier l’avis ;
Je veulz rester en ce logis.
Mon cœur en tressaute de joie !
Que j’ai grand paour qu’il ne se noie.
Pourpensa-t-elle et pour se voir.
Se bouta debvant ung miroir.
Miroir d’acier.[1] qui d’advanture.
Lui monstroyt si doulce figure !
Que de joie elle blémissoyt.
Par trop de plaisir se pamoyt ;

Or en ce temps en sa chambrette.
Quelqu’ung entroyt et la paouvrette.
Vit ung jeune gars bien planté ;
Qui sur elle avoyt l’œil fixé ;
Bon Dieu ! fict elle toute émue !
Que puis-je pour vostre venue ?
Puis en quatre bonds qu’elle fict
Se rencoigna tout près du lict.

Par Mahom ! avec air si frisque !
Tu danseroys bien la morisque.
Dict le gars moult émerveillé !
Ja me sens tout énamouré ;
Ça, viens ici ma bachelette ;
Je jure de par la braguette !

  1. Ce fut seulement sous le règne de Louis onze qu’on vit en France la première glace.