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LXXIX
TRANSMISSION DES RENSEIGNEMENTS

anthropométrique puisse amener la reconnaissance, c’est que le signalement transmis soit exact, c’est-à-dire, soit relevé en se conformant rigoureusement aux prescriptions du manuel, sans faute d’attention ni dans la lecture, ni dans la copie, etc.

Tout nouvel agent anthropomètre doit faire l’objet d’un contrôle préalable sous ce rapport.

Voici les instructions que le procureur général de la Cour de Paris adressait à ce sujet aux magistrats du ressort dans une circulaire datée du 29 juin 1887 :

La circulaire ministérielle du 23 février 1887, en faisant remarquer l’usage immodéré que certains parquets font de la photographie pour arriver à la constatation de l’identité des inculpés, signalait un procédé d’identification plus sûr et moins coûteux employé à Paris, qui est celui de l’anthropométrie.

M. le Garde des sceaux me fait connaître que ce système vient d’être installé dans tous les chefs-lieux d’arrondissement.

Je vous prie en conséquence de vouloir bien vous mettre en relation avec l’autorité administrative pour étudier avec elle ce nouveau procédé, en vue d’économiser le plus possible les frais de photographies et de commissions rogatoires.

Une circulaire adressée par M. le Ministre de l’intérieur aux directeurs de prisons, le 7 mars 1887, en a prescrit la mise en pratique au personnel de surveillance des prisons départementales, et chaque prison d’arrondissement a été récemment pourvue des instruments nécessaires pour le relevé du signalement anthropométrique.

La collection centrale établie au palais de justice à Paris, contient le signalement précis et l’indication des diverses longueurs osseuses des individus adultes ; elle existe depuis 4 ans, et comprend environ 60.000 signalements, la plupart relevés à Paris même.

Il sera donc facile, toutes les fois qu’un individu paraîtra dissimuler son identité, de s’assurer s’il n’a point déjà subi de condamnations antérieures, en prescrivant immédiatement des recherches qui, d’après les expériences qui ont été faites jusqu’ici, semblent devoir donner les meilleurs résultats.

Je vous recommande la première fois que vous aurez recours aux signalements anthropométriques, de contrôler avec soin ceux qui vous seront fournis et de vous assurer s’ils ont été relevés exactement par les gardiens de prisons. Ce contrôle pourra être utilement fait, en ayant soin d’envoyer à la collection centrale, chaque fois que vous en trouverez l’occasion, les signalements anthropométriques de détenus ayant séjourné dans les prisons de la Seine ou de Lyon dans ces trois dernières années, et déclarant y avoir été déjà mesurés.

Les signalements de ces individus existant avec toute garantie d’exactitude à Paris vous permettront d’apprécier si le gardien-chef de votre arrondissement a procédé avec soin au relevé du signalement anthropométrique. En outre, l’administration pénitentiaire n’hésitera pas à mettre à profit ce moyen de contrôle, pour adresser à ses agents les instructions nécessaires afin d’arriver à une concordance absolue dans cette partie du service.