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XLIV
INTRODUCTION

examiner reçoive en plein une lumière vive (mais non les rayons du soleil) ; puis il l’invitera à le regarder les yeux dans les yeux, en lui soulevant légèrement le milieu du sourcil gauche. »

Quelques observations pratiquées de cette façon suffiront pour démontrer que la couleur de l’œil telle qu’elle apparaît à distance résulte de la fusion de deux éléments indépendants : la nuance du fond de l’œil, qui oscille entre les deux extrêmes bleu azuré et bleu ardoisé, et l’intensité de la pigmentation jaune-orange, qui est groupée superficiellement en auréole autour de la pupille (voir la planche chromotypographique spéciale).

Il faut donc, pour arriver à une notation sériée, considérer séparément chacune des deux zones composantes. C’est l’auréole jaune-orange qui présente les éléments distinctifs les plus nets, les plus aptes à un classement. On la qualifiera des mots : pâle, jaune, orange, châtain ou marron selon le degré d’intensité de la nuance pigmentaire[1].

Le premier terme, auréole pâle, vise les yeux richement pourvus de stries blanchâtres rayonnant du centre vers la périphérie, mais dépourvus de matière jaune. C’est la classe 1, le premier échelon de la série. Un tiret remplace l’indication de l’auréole lorsque cette dernière est peu apparente, particularité qui implique l’absence de pigment et l’uniformité de la nuance azurée ou ardoisée.

Quant aux yeux à pigmentation marron, ils sont subdivisés en trois classes, selon que la matière brune : ou 1° reste confinée autour de la pupille ; ou 2° envahit la totalité de l’iris, tout en laissant à découvert sur le fond des stries ou des secteurs jaune-verdâtre ; ou 3° recouvre l’œil en entier d’un velouté brun foncé uniforme.

La série complète : 1° yeux impigmentés (avec ou sans auréole pâle) ; 2° à auréole jaune ; 3° à auréole orangée ; 4° à auréole châtain ; 5° à auréole marron groupée en disque ou cercle autour de la pupille ; 6° à auréole marron recouvrant imparfaitement la totalité de l’iris ; 7° à auréole marron recouvrant uniformément la totalité de l’iris, suit une progression qui satisfait aux conditions requises de gradation indiquées précédemment, en ce qu’elle permet de passer insensiblement, pas à pas, de l’œil bleu (azuré ou ardoisé) des races blondes à l’œil marron foncé de l’Arabe. Chaque classe peut être

  1. Ces termes sont empruntes pour la plupart au paragraphe où Buffon analysa et décrit l’aspect de l’iris humain. La classification et la sériation des termes seules me sont personnelles ; et pourtant elles n’avaient pas échappé à Aristote qui assignait « trois couleurs principales à l’iris des yeux humains : 1° le bleu ; 2° l’orange obscur ; et 3° le brun noir ».