Page:Bertillon - Identification anthropométrique (1893).djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXIX
SIGNALEMENT ANTHROPOMÉTRIQUE

si elle est uniquement attribuable à un seul des deux signalements examinés.

Conclusion : la colonne C nous donne les valeurs au-delà desquelles on est en droit de déclarer la non-identité entre deux signalements de l’exactitude desquels on est également sûr.

Théoriquement, un seul écart supérieur à celui de la colonne C, comme par exemple une différence de 3 millimètres pour l’un des diamètres céphaliques ou de 6 millimètres pour la longueur du pied, etc., devrait suffire pour prononcer la non-identité entre deux signalements. Néanmoins, étant donnée l’étourderie humaine, on agira prudemment en ne concluant qu’après la découverte, sur une autre mesure, d’un nouvel écart caractérisé.

La connaissance de l’écart maximum nous met à même d’apprécier d’une façon raisonnée la valeur récognitive qu’il convient d’attribuer au signalement anthropométrique et de préciser ce que nous avons dit plus haut sur la presque impossibilité de rencontrer dans la collection deux signalements concordants, c’est-à-dire présentant approximativement les mêmes chiffres, quoique ne se rapportant pas à la même personne.

C’est là une question capitale qui se pose journellement devant les tribunaux. La réponse à formuler varie quelque peu suivant que la découverte du signalement contesté a été amenée : 1° par l’enquête judiciaire proprement dite ; ou 2° par une recherche spontanée au moyen de la classification tripartite décrite précédemment.

Examinons d’abord le premier cas. Les révélations d’un témoin, les aveux momentanés de l’intéressé, une saisie de pièces, etc., font retrouver dans les archives criminelles un ancien dossier judiciaire avec un signalement anthropométrique, dont toutes les observations concordent, dans la limite des écarts admissibles, avec celles relevées sur l’individu présent.

Nulle hésitation ! La concordance des chiffres doit être regardée, en pareil cas, comme une preuve absolument péremptoire. Des témoins peuvent être induits en erreur par des coïncidences physiques de taille, d’âge, de complexion (voir Pl. 59 et 60 de l’Album). On peut admettre aussi que l’intéressé ait été tenté de profiter de pareilles ressemblances venues à sa connaissance. Mais les observations anthropométriques échappent à cette cause de suspicion, par cela même que leur constatation nécessite l’emploi d’instruments de précision. Et quand même l’individu visé aurait à sa