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XXIII
SIGNALEMENT ANTHROPOMÉTRIQUE

La longueur du pied fournit une quatrième indication qui subdivise encore chacun des groupes obtenus précédemment en trois de 1.100 signalements environ[1].

Puis interviennent trois subdivisions basées sur la longueur de la coudée qui réduisent le nombre précédent à moins de 400.

Les variations de la taille divisent chacun de ces derniers paquets en trois d’environ 130 signalements qui sont finalement répartis, toujours d’après le même principe, en classes d’une soixantaine au moyen des variations du doigt auriculaire[2], et en classes d’une douzaine au moyen de la couleur de l’œil. Ce dernier groupe de douze signalements est ordonné lui-même suivant les valeurs croissantes de la longueur de l’oreille.

C’est ainsi que, grâce aux six données anthropométriques nouvelles (le sexe, la taille, l’âge et la couleur des yeux ayant figuré de tous temps sur les signalements), la collection des 120.000 signalements de la Préfecture de police se trouve finalement être divisée en groupes d’une douzaine !

Supposons maintenant que nous ayons à vérifier dans la collection, si un individu qui vient d’être arrêté et qui se dit sans antécédents judiciaires, n’y a pas été précédemment classé sous un autre nom. Il va de soi, qu’il faudra, après en avoir pris un signalement anthropométrique, se diriger vers la division de la longueur de tête correspondant à celle de l’individu examiné, s’arrêter à la subdivision de sa largeur de tête, pour chercher ensuite la sous-subdivision de son médius, puis celle de son pied et celle de sa coudée. On arrivera ainsi d’élimination en élimination au paquet final qui devra

  1. Les relations de dimension entre la longueur du médius et colle du pied sont indiscutables. La preuve en est le procédé des bonnetiers qui, en vue de connaître la longueur du pied de leurs clients pour l’essayage des chaussettes, mesurent le pourtour du poing formé. Néanmoins l’expérience prouve que la dépendance d’une mesure par rapport à l’autre n’est pas si stricte qu’il ne soit possible de répartir un groupe de sujets ayant même médius, en trois catégories égales basées sur la longueur du pied de chacun. L’indépendance d’une dimension par rapport à l’autre croit en proportion de la précision avec laquelle on arrive à les mesurer l’une et l’autre. Néanmoins, les limites des chiffres des divisions tripartites de pied changent suivant la catégorie de médius à subdiviser. Ainsi le pied moyen de l’un des embranchements des médius petits devra avoir forcément d’autres bornes que le pied moyen des médius moyens et, a fortiori, des médius grands. Chaque limite demande à être déterminée séparément.
  2. Les variations de longueur de l’auriculaire, étant donnée celle du médius, sont insuffisamment étendues pour fournir les éléments d’une division tripartite approximativement égale. En pareil cas, la différence porte nécessairement sur la division médiane qui croît quelque peu en nombre aux dépens des deux voisines : d’où le chiffre approximatif de 60 mentionné ici au lieu de 40 environ que nous aurait fourni la division de 130 en trois parts égales.