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XVI
INTRODUCTION

chinois, que les arabesques filigranées que présente l’épiderme de la face antérieure du pouce ne soient à la fois fixes chez le même sujet et extraordinairement variables d’un sujet à un autre ; et que chaque individu ne possède là une espèce de sceau original et bien personnel. Malheureusement il est tout aussi indéniable, malgré les recherches ingénieuses poursuivies par M. Francis Galton, en Angleterre, que ces dessins ne présentent pas par eux-mêmes des éléments de variabilité assez tranchés pour servir de base à un répertoire de plusieurs centaines de mille cas.

Le signalement anthropométrique, outre qu’il offre autant et même plus de variabilité que les divers procédés que nous venons d’énumérer, se prête admirablement bien à la classification : c’est là son but, son principal but, et la cause de sa supériorité.

II

EXPOSÉ DES TROIS SORTES DE SIGNALEMENT

1.

DU SIGNALEMENT ANTHROPOMÉTRIQUE

L’emploi de l’anthropométrie comme procédé d’identification repose sur les trois données suivantes que l’expérience de ces dix dernières années a rendues indiscutables, savoir :

la fixité à peu près absolue de l’ossature humaine à partir de la vingtième année d’âge. La taille seule, ou plus exactement, les fémurs, continuent souvent à croître pendant deux ou trois ans encore mais si peu qu’il est facile d’en tenir compte. La pratique montre que cette faible augmentation est compensée et au delà par l’incurvation de la colonne vertébrale (désignée sur la fiche signalétique par la rubrique voûte) qui, commençant vers la vingtième année, va, pas à pas, en s’accentuant jusqu’à la vieillesse.

la diversité extrême de dimension que présente le squelette humain comparé d’un sujet à un autre, à tel point qu’il serait fort difficile, sinon impossible, de rencontrer deux individus pourvus d’une ossature, je ne dirai pas rigoureusement identique, mais seulement assez voisine pour pouvoir être confondue.

la facilité et la précision relative avec lesquelles certaines dimensions du squelette sont susceptibles d’être mesurées sur le vivant au moyen de compas d’une construction très simple.