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PORTRAIT PARLÉ

Quoique notre choix ait porté sur les dissemblances les plus frappantes qu’il nous ait été possible de rencontrer, la comparaison des lignes fronto-nasales et des détails morphologiques de l’oreille, d’après les images de profil, ne permet pas de concevoir le moindre doute sur l’identité de personne ; tandis que la ressemblance des portraits de face est en grande partie détruite ici par un changement intercurrent dans le système pileux et dans l’état graisseux du sujet (Pl. 59a, Fig. 1 et 2), ou par un rapprochement nerveux des sourcils (Ib., Fig. 3 et 4), ou une déviation latérale du regard (Pl. 59b, Fig. 3 et 4).

Le problème inverse, qui consiste à affirmer la non-identité individuelle entre deux photographies offrant une certaine ressemblance physionomique générale, se résout avec le même degré d’aisance et de certitude par la comparaison des lignes fronto-nasales et des détails morphologiques de l’oreille.

Les analogies de cette sorte peuvent se rattacher aux quatre causes principales suivantes :

Analogies d’origine professionnelle
pathologique
ethnique
familiale

De la similitude professionnelle dont nous avons déjà eu l’occasion de parler à propos de l’impression générale (page 106), nous ne dirons que quelques mots. Elle est tout en apparence, dans le costume, le port de la barbe et des cheveux, les façons, etc. Aussi ne résiste-t-elle pas un instant à l’examen anatomique.

Chaque maladie a son aspect, son facies, disent les médecins, et les ressemblances générales qui en résultent sont d’autant plus grandes que l’organisme est plus profondément atteint. C’est ainsi que tous les sujets qui respirent mal, asthmatiques, emphysémateux, poitrinaires, etc., ont des yeux plus ou moins proéminents et une expression générale d’angoisse qui les rapproche les uns des autres.

Mais nulle part la similitude pathologique n’est plus frappante que quand elle résulte d’une malformation osseuse. Tous les bossus, par exemple, se ressemblent ; à l’expression de gêne respiratoire vient se joindre une similitude obligée dans le port de la tête et des épaules, etc.

Ce sont encore les malformations crâniennes, cela va de soi, qui occasionnent les ressemblances physionomiques les plus parfaites. Tous les individus affectés de tête en forme de bonnet à poils (Pl. 60a, Fig. 1 et 2), ou de menton proéminent, vulgo menton de galoche (Ib., Fig. 3 et 4), ont un air de famille. L’oreille (à défaut de la ligne fronto-nasale que la déformation peut uniformiser en l’affectant) suffira toujours pour les individualiser. Ainsi le lobe de la figure 1 (Pl. 60a) est intermédiaire quant au contour et à l’adhérence, tandis que celui de la figure correspondante, no 2, est d’équerre et fondu. Mêmes re-