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CARACTÈRES DIVERS

En résumé, le pronom je, par exemple, sera prononcé che par l’Allemand, par l’Italien et yhé par un Espagnol.

142. — Les Russes ne présentent pas de défaut d’articulation bien caractérisé, portant plus spécialement sur telle ou telle lettre ; ils se reconnaissent à leur intonation chantonnante.

Les Scandinaves, Suédois, Norvégiens et Danois, chantonnent quelque peu comme les Russes, tout en faisant subir aux consonnes, mais à un moindre degré, les altérations qui caractérisent l’accent teutonique.

143. — Le chantonnement dans l’élocution nous amène à dire quelques mots du rôle, dans parler des étrangers, de ce que les grammairiens appellent l’accent tonique. Tandis que les Français du nord de la France prononcent uniformément les mots de plusieurs syllabes, en faisant plutôt porter l’effort de la voix sur la syllabe finale, la plupart des étrangers accentuent fortement une ou plusieurs syllabes du milieu du mot aux dépens des autres, qui peuvent être atténuées au point de devenir imperceptibles pour nos oreilles. Le choix de la syllabe accentuée variera d’une nationalité à l’autre. Il n’est pas possible de donner à cet égard des règles bien déterminées.

144. — La présence dans le langage d’incorrections grammaticales d’origine étrangère, comme des fautes de genre et d’accord, l’emploi vicieux du mot que, des tournures de phrase baroques, etc., dénotent souvent beaucoup plus sûrement l’origine étrangère d’un individu que l’accent, qui peut être quelquefois atténué au point d’être assimilable et même inférieur à celui de beaucoup de nos départements frontières.

145. — Inversement la correction grammaticale, même jointe à un fort accent, devra toujours faire supposer, pour le moins un apprentissage approfondi de la langue commencé dès l’enfance.

C’est ainsi, par exemple, que bien des Alsaciens, tout en connaissant la langue française dans toutes ses finesses et la parlant dans leur famille depuis l’enfance, ont gardé un accent beaucoup plus prononcé que certains Bavarois ou Prussiens qui, n’étant arrivés à posséder notre langue qu’à la suite de longs efforts, ont souvent réussi, par suite même de leurs études méthodiquement poursuivies, à se préserver de bien des vices de prononciation.

VI. — L’hahillement.

146. — La tenue est-elle soignée ou négligée, propre, sale, ou même repoussante ? Les vêtements sont-ils neufs ou vieux ? Semblent-ils avoir été faits sur mesure, achetés chez un confectionneur, ou décrochés chez un fripier ? Paraissent-ils de fabrication française ? Y a-t-il des marques de tailleur ou autres indications du même genre sur les pattes, les doublures, les boutons, les boucles, etc. ? Le sujet examiné porte-t-il des chaussettes, se sert-il de mouchoirs, de ca-