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2e PARTIE. — RENSEIGNEMENTS DESCRIPTIFS

abréviativement ainsi : trapèze ou quelquefois triangle intersourcilier (Ib., nos 8 et 9).

105. — La concavité de la racine du nez présente assez fréquemment une ride horizontale unique, rarement double (Pl. 51, no 2). Quelquefois cette dernière se confond avec les rides verticales pour former une espèce d’accent circonflexe à cheval entre les deux yeux ; ce que l’on exprimera par : rides intersoureilières en circonflexe (Pl. 51, no 1).

Origine des rides et expression physionomique.

106. — On sait que les rides ne sont que les traces des brisures imprimées à la peau du visage par les mouvements de physionomie les plus habituels à chacun. De là l’intérêt artistique et le caractère de vie qu’elles ajoutent aux portraits.

Au point de vue strict de l’identification, leur utilité provient de ce qu’elles sont la résultante d’une déformation des traits concomitante qu’elles servent à révéler. Ces considérations, dont il ne sera parlé ici qu’accessoirement, sont surtout utiles pour l’interprétation du portrait photographique.

107. — La manière la plus simple de se rendre compte du mécanisme de formation des rides est d’assimiler la peau du visage à un rideau et les muscles sous-jacents à des cordons de tirage qui fronceraient ce rideau en ses diverses parties. La même idée est résumée dans la loi suivante : tout pli de la peau est nécessairement perpendiculaire à la direction du muscle qui le produit.

108. — Ainsi, sans entrer dans plus de détails, devons-nous expliquer les rides horizontales du front par l’élévation de toute la masse centrale du sourcil vers la ligne d’implantation des cheveux, et les rides frontales médianes par l’élévation de la tête seule des sourcils ; les rides verticales intersourcilières sont, de même, produites par le rapprochement de la tête des sourcils qui y perdent leur forme arquée, et les rides horizontales de la racine par l’abaissement des mêmes parties.

109. — On s’accorde dans les arts à attribuer des valeurs physionomiques spéciales à chacune de ces contractions. Nous les rappellerons ici, pour être complet, sans insister sur ce que ces interprétations ont de trop absolu. L’élévation de toute la masse du sourcil dénoterait l’état d’observation, d’étonnement ; et l’élévation des seules têtes de cet organe, la douleur physique ou morale ; leur rapprochement horizontal accompagnerait la réflexion, le retour sur soi-même ; et leur abaissement, révélerait des idées agressives de lutte, de haine, etc.

Les rides temporales (ou patte d’oie) doivent être expliquées, partie par un resserrement de toute l’ouverture palpébrale analogue à celui produit par la corde qui enserre les bords d’un sac plein, et