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TRAITS COMPLÉMENTAIRES DE LA FACE

89. — Particularités du globe. Mentionnons, sans la définir, la particularité bien connue du strabisme droit ou gauche, convergent ou divergent, vulgo louche de l’œil droit ou gauche (Pl. 48, no 8).

A la position du globe dans l’orbite peut se rattacher aussi la particularité que nous désignons par iris relevé (Ib., no 7), qui est caractérisée par ce fait que le rond de l’œil au lieu d’être recouvert en partie par la paupière inférieure, en est séparé par une bande plus ou moins large de sclérotique (blanc de l’œil). Cette anomalie du regard donne à la physionomie une expression terne bien spéciale.

90. — Orbite. Malgré le rôle considérable joué par cette partie du squelette dans la forme extérieure de toute cette région, on n’aura que bien rarement l’occasion de la mentionner en propre, les variétés de forme qu’elle présente réagissant directement sur l’aspect, soit du globe, soit des paupières ou des sourcils et rentrant plus simplement dans la description de ces parties. Ainsi, par exemple, l’enfoncement de l’œil est forcément exagéré par la proéminence de l’arcade sourcilière qui forme le pourtour supérieur de la cavité orbitaire, ou atténué par l’effacement de cette même arcade. Au point de vue anatomique, les Chinois et les Japonais, connus pour avoir les yeux à fleur de tête, doivent cette particularité caractéristique beaucoup moins à l’avancement de leur globe oculaire qu’au manque de saillie de leur arcade sourcilière.

91. — Le caractère individuel le plus apparent extérieurement présenté par l’orbite se réfère à la hauteur de l’ouverture osseuse, d’où les deux formes

orbites basses
orbites hautes.

92. — Expressions synthétiques. L’orbite excavée (no 9) résulte de la combinaison, chez un même sujet, d’une paupière exceptionnellement rentrante avec un globe oculaire relativement enfoncé. Ce caractère s’observe plus fréquemment chez les personnes âgées et amaigries que chez les adolescents. — L’inverse de l’orbite excavée serait l’orbite pleine ; cette expression pourrait servir à désigner la combinaison d’un globe saillant avec une paupière supérieure plutôt débordante.

La hauteur de l’orbite, en rapport direct avec celle des sourcils et le modelé des paupières, ne devra être mentionnée que lorsque cette partie du visage ajoutera sa note à la physionomie en tant que cavité osseuse, c’est-à-dire qu’en cas d’excavation plus ou moins prononcée de l’orbite.

Ainsi l’expression orbite basse (ou haute) implique une vacuité relative de l’orbite, laquelle ne devra faire l’objet d’une remarque supplémentaire qu’en cas d’exagération de ce dernier caractère, et elle comprend en même temps a fortiori l’abaissement (ou l’élévation) concomitant du sourcil. Inversement les mots : sourcils abaissés (ou élevés) laissent entendre que les autres caractères, hauteur et plénitude de l’orbite, etc., s’écartent peu de la moyenne.