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2e PARTIE. — RENSEIGNEMENTS DESCRIPTIFS

impossible à un observateur quelque peu familiarisé avec la sériation du paragraphe 30, d’hésiter entre plus de deux qualificatifs, ou, ce qui revient au même, d’enjamber une classe entière et de ranger, par exemple, au no 2 ce qu’il aura mis antérieurement au no 4, ou encore de confondre l’orangé avec le marron, ou un œil cercle marron avec un œil marron pur, etc.

L’hésitation et les erreurs seront dans la très grande majorité des cas limitées entre deux séries voisines.

51. — Pourtant, exception doit être faite pour la pigmentation châtain, qui peut être limite à la fois avec le cercle-marron et avec le marron-verdâtre et inversement, ce qui s’indique au moyen des trois numéros 4–5–6, ou 5–4–6, ou 6–5–4. Cette anomalie provient de la subdivision du marron en trois classes, tandis que les autres pigments, jaune, orangé et châtain, restent chacun groupé en une seule division. Ce genre d’œil est assez fréquent ; il a reçu des commis anthropomètres la dénomination abrégée et caractéristique d’œil à trois limites.

52. — En outre des combinaisons 4–5–6 qui, de par la nature des choses, sont souvent inévitables et par suite légitimes, nous admettons encore pour certains yeux embarrassants l’emploi d’un triple numéro de classe, surtout de la part d’observateurs peu expérimentés. Mieux vaut, en cas d’ignorance, attribuer trois et même quatre numéros de classe à un œil que de risquer d’omettre celui qui convient en vérité. — Voir comme exemple d’yeux à numéros multiples, en dehors du châtain-marron, l’œil K1 du tableau chromatique. L’abondance de sa pigmentation pourrait le faire classer au marron-verdâtre, en même temps que le ton clair de sa nuance le rapprocherait quelque peu, mais à tort, de l’orangé. C’est là un exemple unique, presque inventé pour les besoins de la cause, que l’on n’observe qu’exceptionnellement, moins d’une fois sur dix mille cas peut-être.

V. — Remarques sur quelques cas exceptionnels.

53. — Nous avons vu que dans la très grande majorité des cas, à mesure qu’on progressait de gauche à droite dans la série, la quantité du pigment croissait avec l’intensité de sa teinte. C’est ainsi qu’en fait de pigment, il n’y a guère que le jaune et l’orangé qui soient fréquemment mis entre parenthèses.

54. — Bien plus, quand on rencontre un œil manifestement peu pigmenté et doté uniquement de quelques pointillés d’un orangé clair et vif (jaune-souci, par exemple ; voir l’œil F3 du tableau), il est de règle de le classer au jaune, c’est-à-dire de le ranger à la classe des yeux peu pigmentés, plutôt qu’à l’orangé. Inversement, les yeux pourvus d’un cercle jaune très abondant doivent être apostillés du chiffre 3 et être rangés dans la classe des orangés, quoique leur auréole puisse concurremment être qualifiée de jaune