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Et en effet, au lieu d’aller à la cour, elle passa la soirée et la nuit au  chevet de Frédéric, qui, dans son délire, parlait de sa mère et de l’ange  dont il avait senti la main sur son cœur. 

Pendant cinq jours, la princesse Diotima ne cessa de prodiguer à  Frédéric les témoignages d’une compassion si dangereuse. Enfin il reprit connaissance et le chirurgien le déclara hors de péril. La princesse n’en continua pas moins à visiter plusieurs fois, chaque jour, le jeune homme, et bientôt elle sut l’histoire de toute sa vie, cette histoire si naïve et si touchante du pauvre orphelin ! Elle lui entendit réciter, dans  leur langue nationale à tous deux, les fragmens d’un poème ébauché, et  qui devait se nommer Hyperion. C’était des vers d’une grande beauté, qui remuaient l’âme, qui exaltaient l’imagination. Un soir, le poète, faible encore, posa sa tête sur l’épaule de Diotima, et Diotima laissa tomber un baiser sur le front pâle du poète.