Des scènes semblables avaient lieu presque tous les soirs au Palais-Royal sans que la police osât s’en mêler, sans qu’on y prît garde, et même sans qu’on s’en alarmât. On y était habitué ; on trouvait la chose naturelle. Seulement, les gens prudens, le soir, se garaient du Palais-Royal et des lieux qu’affectionnaient tous ces braves officiers, endurcis par la vie un peu brutale des camps, et qui, à force de compter leur vie pour rien, avaient fini par mettre au même prix la vie des autres.
Vers les premiers temps de cette ère belliqueuse, un jeune Allemand qui ne se doutait point de tout cela, car il était arrivé depuis huit jours à Paris, se promenait, par une soirée pluvieuse, sous les arcades du Palais-Royal. À peine convalescent d’une maladie grave, le cœur encore brisé de la douleur que lui causait la mort récente de son père, Frédéric Hölderlin rêvait avec mélancolie à la Souabe et à Neislingen, sa ville na-