La tendresse de sa mère et la science d’un habile médecin parvinrent à maîtriser ce mal terrible, à force de soins et de dévoûment. Le voile qui obscurcissait sa raison se dissipa tout-à-fait et la fortune sembla même un instant sourire au malheureux poète. Une nouvelle édition réunit Hyperion aux poésies lyriques. Ce seul volume plaça son auteur presque à côté de Schiller et de Goëthe. On lui offrit une place de bibliothécaire à Iéna, et plusieurs années de calme et de sérénité s’écoulèrent pour lui ! Mais la fatale passion qui l’avait déjà frappé lui réservait encore de nouveaux coups. Il rencontra un jour, chez un de ses parens, une jeune fille qui s’appelait aussi Diotima, et à laquelle il trouva une grande ressemblance avec celle qu’il avait tant aimée. Il crut voir dans cette rencontre un bienfait du ciel qui lui rendait pure et virginale celle qui l’avait trahi, et il se prit d’un amour violent pour la jeune fille. Il la demanda en mariage, mais quoiqu’elle aimât le poète, ses parens s’opposèrent à cette union. Ils alléguèrent la terrible maladie dont Frédéric avait été frappé ; maladie qui rarement manquait d’amener une rechute. Hölderlin reçut ce refus comme un arrêt de mort.