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VIII
LA PLAINTE DU VIEUX BARDE MÉCONNU
À quoi nous sert-il de naître ! — Il n’est partout que méchanceté. — Nous pleurons dès notre berceau, — Nous pleurons durant le cours de la vie.
Ai-je vécu sans me lamenter — Une semaine ou même un jour ? — Et cependant la terre est bonne… — Mais l’homme, combien mauvais !
J’ai voyagé dans ma jeunesse, — Et partout je n’ai vu que vilenies. — Et sur mes pas je suis revenu, — Sans la paix et sans le bonheur.
Et me voici maintenant dans ma patrie : — Les campagnes n’ont point change ; — Mais je suis comme un trépassé — Pour mes amis et mes parents.
Ils ne pénètrent plus mon esprit, — Ils se montrent sourds à ma voix ; — Leurs yeux sont scellés, — Quand les miens sont noyés de larmes.