Dans les arbres, le vent sauvage hurle, — Mais vous dormez dans votre lit ; — Fenêtres et portes sont bien closes : — Vous n’entendez pas la mer en furie.
Trois fois j’ai fait le tour de la terre, — Car sur la mer j’ai longtemps erré, — Et trois fois j’ai vu la mort m’apparaître — Entre l’eau et les cieux.
Aussi quand vient le temps effréné, — Mon esprit par- court l’immensité, — L’immensité des mers furieuses, — À la suite de tous les marins.
Encore si le cadavre venait — Vers la mère-patrie, sur le flux, — Alors sur la terre bénite — S’en iraient prier l’épouse et l’enfant !
L’autre jour, devant le seuil de ma cour, — Une jeune femme, éperdument, criait, — Allant chercher le corps de son époux, — Noyé au port de Saint-Malo.
Mais combien qui ne viendront pas — À leur vieille paroisse pour le sommeil suprême ! — Jetés d’un côté, jetés de l’autre — Il ne parviendra d’eux aucune nouvelle.
Quand le vent hurlera à votre porte, — Priez pour les gens de mer — Madame Marie de Bon-Secours — Qu’elle les sauve de l’eau.