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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

— Mais Fleuriot est réellement l’auteur de la découverte, et les informations de Colman sont exactes.

— Comment le savez-vous ?

— Vous êtes bien heureux, Hector, de m’avoir pour par tenaire ; car, livré à vos propres ressources, vous eussiez misérablement échoué. Vous n’avez réussi ni auprès du frère ni auprès de la sœur, quoique vous ayez déployé au près de l’une et auprès de l’autre toutes vos séductions. J’ai mieux réussi, comme vous allez voir.

— Alors elle lui répéta avec complaisance les révélations de Lucile, et lui fit connaître l’espoir qu’avait l’institutrice de décider Raymond Fleuriot à une confidence entière.

Le vicomte écoutait Fanny d’un air surpris, mais sans témoigner aucune joie. Quand elle eut achevé son récit, il se mit à se promener en silence et le sourcil froncé.

— Eh bien ! qu’en dites-vous ? demanda la Parisienne d’un ton triomphant. Voulez-vous encore partir ?

— Vous êtes douée, Fanny, de la malice d’un démon, et vous possédez un art miraculeux pour arriver à vos fins… Cependant vous êtes obligée de reconnaitre vous-même que Raymond Fleuriot pourrait bien n’avoir pas la copie du livre de signaux dont fait usage l’administration télégraphique.

— Et ce registre mystérieux que Lucile a vu dans l’armoire de son frère ?

— Ce registre peut être toute autre chose que le livre en question, et rien ne prouve… Enfin, ma chère, poursuivit le vicomte d’un ton péremptoire et presque dur, cette affaire m’ennuie et elle ne saurait tourner bien, j’en ai la conviction. Colman s’arrangera donc comme il voudra ; pour moi je persiste dans ma résolution d’envoyer tout au diable… et demain je retourne à Bordeaux.

Fanny avait cru jusque-là que le découragement du vi comte provenait uniquement des difficultés qu’il rencon trait du côté de Fleuriot. Aussi montra-t-elle une vive