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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

à Colman des nouvelles de la Bourse… Et puis, s’il faut le dire, Fanny, j’ai réfléchi longuement sur notre situation présente, et je viens de prendre une détermination définitive.

— Ah !… et peut-on savoir quelle est cette détermination ?

— Certainement. On nous a trompés, j’en ai la certitude, au sujet de la découverte attribuée à Raymond Fleuriot. Cet homme est impénétrable et il se laisse d’autant moins aller aux confidences qu’il n’a pas de secrets à confier. Ce que nous avons de mieux à faire est donc de renoncer à une entreprise chimérique ; et, pour ma part, j’ai résolu de partir… dès demain.

— Est-ce là cette grande résolution que vous venez de prendre ? Que deviendront alors les deux cent mille francs promis par le banquier ?

— Puisqu’il m’est impossible de remplir les conditions exigées, je dois renoncer à la récompense du succès.

— Mais je n’y renonce pas, moi, répliqua la prétendue marquise avec impétuosité, et je n’abandonne pas ainsi la partie !… Souvenez-vous, monsieur le vicomte, de nos conventions ; quand je me suis associée à cette entreprise, où je devais avoir ma part dans les difficultés et les dangers, il a été entendu que cette somme, fruit de notre adresse et de notre patience, serait également partagée entre nous, après quoi chacun serait libre d’aller de son côté, si telle était sa fantaisie. Or, je ne veux pas perdre les bénéfices de mon exil dans ce pays sauvage, je ne veux pas en être pour mes frais de cajoleries avec ces paysans et ces paysannes ; enfin, je veux poursuivre mon projet… à moins que je n’aie de bonnes raisons pour y l’énoncer.

— Si pourtant ce Fleuriot n’était pas l’auteur de la découverte dont on parle, si Colman avait été induit en erreur par quelque fripon ?