Page:Berthet — La tour du télégraphe, 1870.pdf/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

VI

Le chien de chasse.


Quelques jours suffirent à Hector de Cransac et à sa rusée compagne pour s’insinuer dans l’intimité de la famille Fleuriot. Comme on l’a dit, le vicomte avait exprimé le désir d’acheter tous les lots de terre qui pouvaient être à vendre dans le voisinage, afin d’agrandir son domaine, et il était tout naturel qu’il s’adressât dans ce but à Raymond, la personne du pays la plus capable de le renseigner. De son côté, Fanny se posait en bienfaitrice pour les pauvres des environs, et elle avait engagé Lucile et sa mère à lui indiquer les misères les plus respectables, les plus dignes de pitié. La générosité, la bonne grâce parfaite, les manières obligeantes des nouveaux maîtres de Puy-Néré ne pouvaient manquer de toucher des gens simples et honnêtes, incapables de soupçonner des intentions cachées sous une attrayante apparence. Aussi Lucile et la mère Fleuriot, comme tous les habitants du village, ne tarissaient-elles pas sur les mérites de « M. le vicomte, » sur la charité sans bornes de la « jolie marquise. »

Raymond lui-même n’avait pu résister à l’entrainement commun. Quoique aigri par les événements de sa vie passée, il avait un sens juste qui le mettait en garde contre des préventions mişanthropiques et non suffisamment fondées. Il s’était dit à la réflexion qu’il ne pouvait repousser