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V

Les châtelains.


C’étaient, en effet, Hector de Cransac et sa prétendue sœur, la soi-disant marquise de Grangeret, qui se trouvaient sur la plate-forme de la tour Verte. L’une et l’autre ne semblaient être venus là que pour satisfaire une curiosité, bien naturelle chez des personnes récemment arrivées dans le pays. Le vicomte tenait à la main une badine à pomme d’agate, tandis que Fanny balançait une ombrelle de soie ; et malgré l’admiration que leur mise excitait dans le village, cette mise n’était rien de plus qu’un élégant négligé de campagne.

Ils venaient de déboucher sur la terrasse, quand Lucile Fleuriot était sortie de la cabane. Cransac la salua d’un gracieux sourire, tandis que Fanny lui adressait un petit signe de protection.

— Ah ! çà, dit-elle d’un ton mignard, il y a donc du monde dans ces ruines ?… Et une fort jolie personne encore ?

— Ignorez-vous, ma chère, répliqua Hector, que cette tour si pittoresque porte un télégraphe ?

Cette apparente ignorance était sans doute poussée un peu loin ; mais Lucile n’éprouvait aucune défiance, car elle avait entendu dire combien certaines grandes dames étaient