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I

Hector de Cransac.


En face de Bordeaux, sur la rive droite de la Garonne, se trouvait en 183., une avenue de grands arbres appelée avenue de Paris, toute bordée de villas et de bastides. Quelques-unes de ces élégantes maisons de campagne étaient occupées seulement le dimanche ou pendant une partie de la belle saison ; d’autres avaient des habitants toute l’année, car on n’était là qu’à un quart d’heure des chais, de la Bourse ou du Grand-Théâtre, ces trois centres d’attraction pour la population bordelaise.

Une belle et confortable habitation, située sur cette voie publique, ne manquait pas surtout d’attirer l’attention du passant et du promeneur, malgré la grille de fer à lances dorées et la cour sablée, garnie de caisses d’orangers, qui tenaient les curieux à distance. Elle consistait en un pavillon à l’italienne dont la façade présentait trois colonnes en imitation de marbre et dont le toit plat était surmonté d’un svelte belvédère en verres de couleur. Un jardin, de peu d’étendue, mais bien pourvu d’arbres et de bosquets, l’encadrait en lui donnant de la fraîcheur et de l’ombre. Aussi était-elle la grosse perle, la Peregrina de ce collier de chalets, de cottages, voire de châteaux gothiques en miniature qui s’étalaient à droite et à gauche de l’avenue.