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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

gion d’ouvriers accomplit rapidement sa besogne. La façade du château fut blanchie ; les murs furent repeints et couverts de papier de tenture à l’intérieur ; les arbres des terrasses furent émondés, les allées ratissées. Sans doute ces embellissements étaient plus apparents que réels, et bien des crevasses avaient été masquées avec une simple poignée de plâtre. Mais l’habitation avait perdu son air refrogné, était devenue logeable, luxueuse même dans quelques-unes de ses parties. Les ouvriers, après avoir accompli cette transformation, s’en retournèrent, et le petit village retomba dans sa solitude.

Toutefois la surprise et l’admiration des gens de Puy Néré ne tardèrent pas à recevoir un nouvel aliment. Peu de temps après que le Château-Neuf eût été si magnifiquement restauré, une voiture de poste à quatre chevaux s’arrêta devant l’habitation. C’étaient les nouveaux propriétaires, qui avaient hâte sans doute de prendre possession de leur domaine. Quand la voiture s’ouvrit, il en descendit un homme jeune encore, vêtu avec une élégance étrange, et une jolie dame couverte de rubans et de dentelles. Outre ces personnages principaux, un groom en livrée et une femme de chambre occupaient, l’un le siége de devant, l’autre le siège de derrière de la voiture. L’impériale était chargée de malles et de cartons, sans préjudice des autres malles et des autres cartons qui arrivèrent le lendemain avec un tilbury et deux chevaux de prix.

Il n’y avait donc plus de doute possible ; les maîtres du Château-Neuf s’établissaient là d’une manière permanente, et la joie fut générale dans le pays. Si nous voulons savoir ce qu’on pensait des nouveaux propriétaires de Puy-Néré, nous n’avons qu’à écouter une conversation qui avait lieu, deux jours après leur arrivée, dans la cabane même du télégraphe, au sommet de la tour Verte.

L’intérieur de cette cabane, construite en planches et exiguë, offrait un aspect simple et caractéristique. Au cen-