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IV

La station de Puy-Néré.

Avant d’aller plus loin, nous devons entrer dans quelques détails assez peu connus sur l’organisation de la télégraphie aérienne, à l’époque où se passe cette histoire.

Alors, comme aujourd’hui, le centre du réseau télégraphique était à Paris, dans l’hôtel du ministre de l’intérieur. Sur un bâtiment de cet hôtel s’élève une espèce de tour quadrangulaire, dont les faces correspondent aux quatre points cardinaux, et qui domine les édifices environnants. C’était de cette tour, maintenant délabrée, ouverte à tous et encombrée de vieux papiers inutiles, que partaient les signaux qui, répétés de station en station, de clochers en clochers, volaient avec rapidité jusqu’aux extrémités de la France. Aussi l’accès en était-il rigoureusement interdit aux profanes ; la curiosité la plus inoffensive excitait les alarmes d’une administration timorée, et sous aucun prétexte, sur aucune recommandation, l’étranger n’était admis à visiter ce sanctuaire d’où les ordres du pouvoir prenaient leur essor.

Là, tant que le jour durait, des hommes actifs se tenaient prêts à remplir leur devoir. À chaque face de la tour se trouvait un télégraphe qui était en communication avec une ligne spéciale. Aussitôt qu’un signal leur était indiqué par le chef, qui seul en connaissait la valeur, les employés