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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

Toute la famille s’abandonnait à ses joyeux transports quand Bascoux, qui avait disparu depuis quelques instants, rentra suivi de Morisset. L’un et l’autre étaient haletants d’avoir couru.

— Pourquoi n’êtes-vous pas à votre service, Morisset ? demanda Vincent ; pourquoi avez-vous quitté le télégraphe ?

— Ah ! je vas vous dire, monsieur l’inspecteur ; ceux de Paris ont signalé une heure de repos. Pour lors, comme le petiot est venu me narrer l’événement de la chose…

— À la bonne heure ! Eh bien ! que voulez-vous ?

— Si vous le permettez, monsieur l’inspecteur, il s’agit pour le moment de M. Fleuriot que voici… Et je veux vous dire, monsieur Fleuriot, que je suis bien content de votre retour… Et puis vous êtes nommé directeur, et j’en suis bien content ; et aussi je suis bien content que M. l’ins pecteur se marie toujours avec la petite demoiselle… Mais surtout de ce que vous êtes encore vivant ; car enfin, si vous étiez mort, comme on le disait, si vous étiez mort pour de vrai…

— Dans ce cas encore il y aurait de l’avancement pour les autres, acheva Georges avec ironie ; n’est-ce pas cela, Morisset ?

Morisset demeura un peu déconcerté.

— Oh ! comme vous dites cela, monsieur l’inspecteur ! poursuivit-il ; le vrai de la chose est que nous sommes tous de francs lurons au télégraphe de Puy-Néré ; le seul gredin était ce noble qui payait si généreusement les chiens quand il les tuait… Oh ! pour cela, il payait bien les chiens ! Mais puisqu’on l’a tué lui-même, il ne devait pas valoir plus qu’eux… Quant à la jolie dame si bien habillée, je ne sais trop ce qu’il faut en penser… Et je penserai comme mes chefs qui en savent plus long que moi.

Laissons cela, Morisset, interrompit Fleuriot ; le passé ne peut éveiller d’agréables souvenirs pour personne, le