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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

« En récompense de vos services exceptionnels, je vous ai nommé directeur des télégraphes à la résidence de Tours. Vous trouverez ci-joint, avec les pièces qui vous confèrent ce titre, un mandat sur le receveur général de votre département pour vous couvrir des dépenses faites dans l’intérêt de l’administation.

« Signé, X***, directeur général. »


On s’expliquera sans peine l’enthousiasme de tous les assistants à la suite de cette lecture.

— Mon frère, est-il possible ? s’écriait Lucile transportée ; un poste si éminent à toi, qui naguère encore… Directeur ! on te nomme directeur !

— Et à Tours encore ! ajouta madame Fleuriot : dans notre chère Touraine, ce pays béni où vous êtes nés et où je voudrais mourir !

Fleuriot passait des bras de sa mère dans ceux de sa sœur. Il ne pouvait prononcer une parole, tant l’émotion le suffoquait. Georges, qui lui-même avait essuyé furtivement plus d’une larme, dit avec une humilité joviale :

— Monsieur le directeur voudra-t-il bien m’accorder sa protection : car il ne s’arrêtera pas là, j’imagine ; notre directeur général est si entiché de lui qu’on ne tardera pas sans doute à lui donner le poste éminent qu’occupait Ducoudray, et je désire m’assurer d’avance……

— Vincent, mon cher Vincent, dit Fleuriot, en l’embrassant à son tour, voilà donc pourquoi vous me traitiez d’une manière si cérémonieuse ?

— On connaît son devoir et le respect que l’on doit à ses supérieurs… Qui sait maintenant, ajouta Georges en lançant un regard oblique à Lucile, si la sœur d’un directeur des télégraphes voudra donner sa main à un simple inspecteur tel que moi ?

— Mais vraiment, monsieur, répliqua Lucile avec raillerie, je devrais y regarder à deux fois.