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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

Cette conversation semblait mettre Raymond au supplice. Vincent finit par s’en apercevoir, et reprit brusquement :

— À mon tour, monsieur Fleuriot… On s’est beaucoup occupé de vous à Paris, et j’ai reçu pour vous, des mains de notre directeur général, un paquet que voici.

Il tira de sa poche une grosse et lourde lettre munie d’un large cachet rouge.

Fleuriot la prit avec étonnement et après un moment d’hésitation rompit l’enveloppe d’où s’échappèrent plusieurs papiers. Il les parcourut avidement ; bientôt il ne put retenir un cri de surprise et de joie.

— Qu’y a-t-il donc, mon frère ? demanda Lucile.

— Lis haut, Raymond, s’écria madame Fleuriot, lis haut, je t’en supplie.

Mais Raymond semblait incapable de cet effort ; il riait, il pleurait en prononcant des paroles sans suite.

— Avec votre permission, madame Fleuriot, reprit Georges Vincent, je vais lire pour lui… D’ailleurs je sais de quoi il retourne, bien qu’on m’ait recommandé le secret… Voici la lettre autographe du directeur général :


Monsieur Raymond Fleuriot,


« Je suis extrêmement satisfait du dévouement dont vous avez fait preuve pour défendre l’honneur et les intérêts de mon administration. Pendant qu’un autre employé se couvrait de honte, vous avez donné un éclatant exemple d’intelligence, de courage et d’énergie ; vous avez bien mérité de vos collègues et de moi.

« On m’a remis le livre des signaux en possession duquel a vous êtes rentré au risque de votre vie. Vous avez dit vrai en vous déclarant l’auteur du nouveau système de télégraphie en usage depuis deux années, et j’ai frappé avec sévérité le chef indigne qui, abusant de votre confiance, s’était attribué votre utile découverte.