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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

Georges Vincent resta quelques minutes à observer cette voiture ; tout à coup il battit des mains et s’écria : Ce sont eux… les voici ! Je suis arrivé au bon moment.

Morisset et le surnuméraire regardaient bouche béante.

— Monsieur l’inspecteur, demanda enfin le petit Bascoux, qui donc est dans cette voiture ?

— Eh parbleu ! la famille Fleuriot, que je suis venu attendre ici… Eh bien, mon garçon, votre mère, je crois, est chargée des clefs de la maison pendant l’absence des maîtres ; descendez promptement la prévenir pour qu’elle donne de l’air, qu’elle allume du feu, qu’elle prépare à manger, car les pauvres voyageurs seront sans doute très fatigués.

— Oui, oui, monsieur ; je vais prévenir ma mère ; je l’aiderai, s’il le faut, pour mettre de l’ordre là-bas… Ah ! poursuivit Bascoux d’un air attendri, si le pauvre M. Fleuriot était encore avec les autres !

Il sortit précipitamment et on l’entendit dégringoler l’escalier, peut-être afin de s’étourdir en passant devant le cachot de la Naz-Cisa.

Vincent, appuyé au parapet de la tour, continuait de suivre des yeux la carriole, qui s’avançait rapidement, et bientôt il agita son chapeau pour saluer les voyageurs. Mais sans doute ces démonstrations ne furent pas remarquées, perdu qu’il était à cette immense élévation dans cet immense paysage, car personne ne se pencha à la portière et ne répondit à son salut. En se retournant, il se heuria contre Morisset qui l’observait avec un gauche embarras.

— Faites votre service, vous, lui dit-il durement.

Et il se dirigeait vers l’escalier. Morisset lui demanda encore :

— Monsieur l’inspecteur, est-ce que, sauf votre respect,