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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

roulant des yeux terrifiés, que j’en ai la chair de poule… cependant comnient se trouve-t-il que M. Fleuriot…

— Bon ! tu es un enfant qui ne comprend rien de rien… Mais songe à ton devoir, car le temps s’éclaircit et il se pourrait bien que le poste de Paris se remit à marcher.

Bascoux courut appliquer son œil à la lunette, et dit en soupirant :

— N’importe ! monsieur Morisset, je serais bien content de voir revenir M. Fleuriot, et cette gentille demoiselle Lucile, et aussi cette bonne madame Fleuriot, qui me donnait des pommes et des nèfles quand j’allais chez elle.

Morisset haussa les épaules et se disposait à répondre, mais un pas rapide se fit entendre sur la plate-forme de la tour, et quelqu’un entra brusquement dans la cabane du télégraphe.

C’était Georges Vincent, l’inspecteur de la ligne.

Les employés, en voyant ainsi apparaître leur chef, de meurèrent d’abord interdits ; puis ils se levèrent et se découvrirent.

— Bonjour, bonjour, mes enfants, dit Georges Vincent avec sa rondeur habituelle ; je tombe ici comme une bombe, mais je ne vous trouverai pas en faute, je le sais… Voyons, montrez-moi bien vite vos registres, vos listes de présence… Je n’ai pas beaucoup de temps à vous donner. On s’empressa de lui présenter ce qu’il demandait, et l’inspecteur s’assura que tout était en règle.

— À merveille, mes braves garçons, reprit-il ; vous êtes consciencieux et le service n’a pas souffert de l’absence de Fleuriot ; aussi soyez certains que je ferai un rapport favorable sur votre compte.

Les deux employés devinrent rayonnants.

— Croyez-vous point, monsieur l’inspecteur, dit Bascoux timidement, que je pourrai passer « définitif » ?

— Et moi employé de première classe ? demanda avidement Morisset.