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XXI

Les employés.


Deux mois se sont écoulés, et nous prions le lecteur de se transporter avec nous au sommet de la tour Verte, dans la petite cabane de la station télégraphique.

On était alors au mois de novembre, et bien que la campagne des environs de Puy-Néré ne parût pas avoir grand’chose à craindre des approches de l’hiver, elle présentait des teintes encore plus grises et plus ternes que d’habitude. Le vent faisait rage autour du télégraphe et la machine, afin de résister à la tempête, avait prudemment replié ses ailes. Une brume épaisse, qui, par moments, se résolvait en pluie fine et comme poudreuse, estompait l’immense paysage que dominait la tour Verte, et en cachait tous les détails.

Ce temps sombre ne convenait guère à la transmission des signaux télégraphiques, et, comme nous l’avons dit, la machine demeurait immobile. Cependant l’employé Morisset et Bascoux étaient à leur poste pour le cas où, le ciel venant à se rasséréner, les dépêches reprendraient leur vol. Morisset fumait sa pipe dans un coin, tandis que le jeune surnuméraire, qui se piquait de littérature, anonnait un vieux journal, porté par le hasard dans cette bourgade inconnue. Un poêle de fonte ronflait à côté d’eux, en répan-