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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

Jusqu’ici, grâce à son adresse, il avait pu donner le change à l’autorité locale sur les mystères de sa maison, et voilà que tout allait sans doute se découvrir. Aussi répliqua-t-il d’un ton singulièrement radouci :

— Ma foi ! si les choses en sont là… Mais Jacques Rouget a dû vous apprendre, monsieur, que le Ponentais avait quitté ma maison aujourd’hui ?

— En effet, il est sorti à la chute du jour, mais il est rentré deux ou trois heures plus tard, et il se trouve sans doute en ce moment dans la chambre secrète.

En voyant Fleuriot si bien instruit, Bras-de-Singe fit un geste de consternation,

— Il n’y a moyen de rien vous cacher, reprit-il ; eh bien ! c’est vrai, le Ponentais est rentré sur le coup de dix heures. Je ne sais ce qui lui était arrivé, mais il avait l’air bouleversé, ses habits étaient déchirés, couverts de boue… Il ne s’est arrêté ici qu’un moment ; il aa fait lestement son paquet, puis il est parti en m’annonçant qu’il ne reviendrait plus.

Fleuriot, à son tour, manifesta un profond désappointement.

— Cela est-il bien vrai ? demanda-t-il.

— Que jamais plus je ne baisse la main si je mens ! s’écria le cabaretier en élevant le bras au-dessus de sa tête.

— N’importe, je veux visiter votre maison, et surtout le réduit qui se trouve derrière les mangeoires de vos chevaux.

— Mon bon monsieur, c’est inutile… je vous jure…

— Il n’y a plus que quinze minutes ! s’écria Fleuriot en regardant sa montre.

Cet argument surmonta les répugnancea de Bras-de Singe, qui prit la chandelle et précéda les deux amis pour leur faire visiter sa demeure. Quant au corps de logis principal, ce fut bientôt fait ; outre la salle basse, il se composait de deux chambres, dont une était occupée par Mi-