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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

Le magistrat et l’autre personnage, dans lequel Fleuriot devina le premier fonctionnaire du département, firent un signe affirmatif. Cependant le magistrat reprit :

Il est nécessaire de donner sans retard une forme légale aux déclarations de M. Fleuriot… Je l’invite donc à se rendre sur-le-champ chez le juge chargé d’instruire cette affaire, afin que des mesures soient prises contre les coupables.

— Fort bien pour la justice, répliqua le directeur géné ral, mais à mon tour j’ai des ordres à donner en conséquence de ce que nous venons d’apprendre. Monsieur R*** vous allez préparer une dépêche qui, dès demain matin, sera expédiée à Paris par le télégraphe, pour commander qu’on change immédiatement toutes « les clefs » des dépêches télégraphiques… Comme cela, si l’on s’avise de faire usage du livre des signaux dont par le M. Fleuriot, on sera fort désappointé.

R*** s’inclina respectueusement.

Fleuriot s’était levé,

— Je suis prêt à me rendre chez le juge d’instruction, reprit-il ; seulement, messieurs, n’oubliez pas, je vous prie, que j’ai hâte de me remettre à la poursuite de Cransac.

— Rapportez-vous en pour ce soin à la police de la ville, répliqua le magistrat ; un mandat va être lancé immédiatément…

— La police peut agir de son côté, je désire agir du mien. On s’est joué de moi d’une manière infâme. On s’est emparé d’un objet m’appartenant. Je ne m’en fierai qu’à moi-même pour arracher au voleur ce livre des signaux qui sera la preuve de la vérité de mes assertions, ce livre dont la remise entre les mains de mes supérieurs est devenue pour moi un impérieux devoir. Aussi longtemps donc que j’en aurai la force et la liberté, je ne faillirai pas à ma tâche !

— Ce jeune homme a du feu ! s’écria le directeur géné-