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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

de s’occuper de l’étude des signaux… sans compter qu’il a contre moi personnellement des préventions fâcheuses.

— Ne vous inquiétez pas de cela ; parlez-lui avec netteté et franchise, comme vous m’avez parlé à moi-même, et tout ira bien. Du reste il n’est pas seul ; vous le trouverez en compagnie de deux autres fonctionnaires éminents, qui ont droit à votre respect, ne l’oubliez pas.

Fleuriot, d’abord étourdi, releva la tête :

— Allons ! dit-il.

M. R*** sourit d’un air encourageant ; puis il prit l’employé par la main, et, soulevant la portière, l’introduisit dans la pièce voisine.

C’était une vaste salle, richement mais sévèrement meublée, qui semblait être un cabinet de travail. Au centre se trouvait une table chargée de papiers et éclairée de plusieurs lampes autour de laquelle étaient assis trois hommes d’un âge mûr, d’un extérieur grave. Quoique vêtus de simples habits noirs, ils n’en paraissaient pas moins des fonctionnaires de l’ordre le plus éminent. Tous répondirent à la profonde salutation de Fleuriot par un signe poli, mais qui trahissait l’habitude de recevoir de pareilles marques de respect.

M. R*** conduisit Fleuriot vers un vieillard, grand, sec, aux traits presque durs, qui s’était retourné à demi en les voyant entrer.

— Monsieur le directeur général, dit-il, voici cet employé de Puy-Néré dont les révélations m’ont paru dignes de toute votre attention… Ce que je peux affirmer, c’est que M. Fleuriot est un parfait honnête homme et un fidèle serviteur de l’administration des télégraphes.

— Il n’a pas moins quitté son poste sans permission, dit le directeur général, et, pour une pareille faute, il a mérité d’être destitué.

Raymond Fleuriot avait recouvré sa présence d’esprit. Il répondit sans forfanterie, mais avec dignité :