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XVII

Les hauts fonctionnaires.


Raymond Fleuriot était arrivé, lui aussi, à Bordeaux, la veille, dans l’après-midi, et il s’était sur-le-champ mis en quête d’une auberge modeste où l’hospitalité ne pût être coûteuse. On lui indiqua un cabaret borgne, dans le voisinage des chantiers de construction, cabaret que fréquentaient surtout les ouvriers du port et les matelots. Il s’y installa sans s’inquiéter s’il y serait bien ou mal, et, après, avoir pris rapidement quelque nourriture, il voulut, malgré sa fatigue, commencer les investigations qui l’appelaient dans la ville.

Son premier soin fut de remplacer sa casquette d’uniforme, dont le télégraphe en drap rouge fixait trop l’attention sur lui, par un chapeau de paille, dont il fit l’acquisition. Puis il se dirigea vers le quai, où s’arrêtaient habituellement les bateaux à vapeur de Royan et de Blaye.

C’était par là, en effet, que devait arriver Hector de Cransac, et, comme tout le faisait supposer, il avait l’intention de revenir à Bordeaux. D’après les informations minutieuses que Fleuriot avait recueillies, le vicomte, en quittant Saint-Rémy, s’était rendu à Jonzac. Or, de là il n’avait que deux routes à suivre : gagner quelque port de l’Océan où il se fût embarqué sur un bâtiment en partance