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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

il faut que Bourachon fasse sortir l’individu qui est dans sa loge. Qu’il se sauve bien vite ! Si on le rencontrait chez moi… et avec ce maudit livre… Partez donc, Fanny, partez à l’instant, poursuivit-il avec vivacité ; on va vous conduire à la porte du jardin…

— La porte du jardin est gardée comme les autres, dit l’employé, et personne, à ce qu’il paraît, ne peut sortir de la maison sans un ordre spécial. D’ailleurs, ajouta-t-il avec effroi, il est trop tard, vous le voyez !

En effet, ‬des lumières brillaient au dehors et des pas nombreux se rapprochaient du pavillon. Bientôt un personnage, vêtu de noir, qui avait l’apparence d’un magistrat, entra suivi d’une escouade de gens de police.

— Monsieur, dit-il à l’employé d’un ton sévère, pourquoi avez-vous quitté la pièce où vous étiez consigné ? Le pauvre Gervais balbutia quelques excuses, Colman, affectant un air de dignité, s’empressa d’intervenir.

— Qu’y a-t-il donc ? demanda-t-il, et que signifie tout ce bruit dans une maison paisible et honorable ? Aurait on l’ordre de m’arrêter ?

Le magistrat salua d’un air froid.

— J’espère, monsieur, répliqua-t-il, n’avoir pas besoin d’en venir à cette extrémité. Il ne s’agit pour le moment que d’un mandat de perquisition, et l’on procède déjà à son exécution, tant dans vos bureaux que dans votre appartement particulier. Jusqu’à la fin de ces recherches, toutes les personnes présentes doivent rester sous la surveillance des agents qui m’accompagnent.

— Il suffit, monsieur, répliqua Colman ; votre autorité ne sera pas méconnue chez moi, car je suis plein de respect pour la justice… Seulement, ajouta-t-il en s’approchant du magistrat d’un air confidentiel et en clignant des yeux, vous êtes trop homme du monde pour ne pas comprendre certaines délicatesses… Je vous prie donc de vouloir bien