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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

ront des extraits, et tous les produits tomberont dans notre caisse. Mais voyons, mon cher ; vous m’avez annoncé que vous aviez quelque chose à me dire ; de quoi s’agit-il ? Comme le vicomte allait répondre, Colman l’arrêta d’un geste.

— Un moment encore, ajouta-t-il, en touchant le bouton d’une sonnette invisible ; il fait grand chaud et je meurs de soif… Prendrez-vous quelque chose, Cransac ?

— Merci.

Un domestique, doré sur toutes les coutures, entr’ouvrit la porte.

— De la glace et du vin du Rhin, dit le maître du logis.

Le valet disparut.

C’est drôle, n’est-ce pas, reprit Colman, que je boive du vin du Rhin dans le pays du sauterne et du château-laffite ? Que voulez-vous ? L’habitude !… on ne se refait pas.

— Chacun son goût, répliqua le vicomte en lançant philosophiquement une bouffée de fumée vers le plafond.

Le valet revint au bout de quelques minutes, portant sur un plateau d’argent deux verres de Bohême, une de ces bouteilles longues et effilées dont on connait l’origine germanique et une assiette de glace. Il déposa le tout sur la table, et à un signe de son maitre, se retira lestement.

— Maintenant je suis tout à vous, reprit le financier en allumant une grosse pipe d’écume qu’il était allé prendre dans un coin ; parlez donc, mon cher vicomte… Puis, à mon tour, je vous apprendrai certaines choses qu’il est bon que vous sachiez.