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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

La servante se retira.

— Et vous, monsieur, demanda Fanny doucereusement, comment voyagez-vous ?

— À pied, madame.

— Ce sera une rude fatigue… Voyons, monsieur Fleu riot, malgré vos procédés injustes et cruels à mon égard, nous pouvons encore nous entendre… Voulez-vous prendre place dans la voiture ? Nous nous rendrons ensemble à Bordeaux ; nous ferons la paix, et je vous expliquerai…

— Rien… merci, madame.

Il salua et descendit l’escalier, poursuivi par un joyeux éclat de rire.

Dans la cour, il vit deux rosses poussives, couvertes d’écorchures et de loupes, qu’on était en train d’atteler à l’élégante berline de Cransac. L’idée lui vint de visiter l’intérieur de la voiture, et il en ouvrit la portière sans s’inquiéter de l’étonnement que manifestaient les gens de l’auberge. Il fouilla ainsi les coffres, les poches de la garniture, souleva les coussins, et enfin, bien convaincu que son livre n’était pas caché là, il cessa ses recherches et se dirigea vers la porte cochère.

Comme il allait la franchir, il entendit un nouvel éclat de rire, et levant les yeux, il aperçut Fanny à la fenètre du premier étage ; mais il détourna encore la tête et s’éloigna rapidement.