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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

se mit, comme à l’ordinaire, en observation. Il y eut encore quelques allées et venues dans l’intérieur de la maison ;

mais bientôt la grande porte de la Croix-Rouge fut verrouillée, comme si elle ne devait plus s’ouvrir de la nuit, les lumières disparurent une à une, et le calme le plus profond régna dans l’auberge. Alors seulement Fanny rassurée se décida à gagner son lit, et, en dépit de certaines inquiétudes qu’elle ne pouvait encore surmonter, elle ne tarda pas à s’endormir.

Elle ne s’éveilla que le lendemain, et quoiqu’il fît à peine jour, elle s’étonna qu’on ne l’eût pas avertie de se préparer au départ. Elle s’habilla prestement, sans le secours de personne ; puis, ne comprenant rien au silence et à l’immobilité qui régnaient dans l’auberge, elle sonna pour avoir des nouvelles.

Un temps assez long se passa avant que son appel parût avoir été entendu. Enfin la maîtresse de la maison elle même, femme aux manières polies jusqu’à l’exagération, accourut en robe du matin.

— Quoi ! madame est déjà levée ? dit-elle en faisant une belle révérence ; j’espère pourtant que madame a passé une bonne nuit… que désire madame ?

— Prévenez M. de Cransac que je suis prête à partir.

Une profonde stupéfaction se peignit sur les traits de l’hôtesse.

— Madame dit… Je n’ai pas compris madame sans doute ?

— Je dis qu’il est temps d’atteler… Les chevaux ne sont ils pas arrivés ?

— Certainement il est arrivé des chevaux de selle, mais ceux de la voiture n’ont pas paru encore.

— Enfin, prévenez monsieur ; il est levé aussi sans au cun doute ?

— Mais madame…