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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

impossible que votre monde fût descendu à la Croix-Rouge, une bicoque qui s’est ouverte ici depuis quelque temps. Fleuriot était pâle de colère et il faillit se jeter sur cet homme qui l’avait si indignement abusé.

— Pourquoi ne m’avoir pas dit cela hier au soir ? de manda-t-il ; vous serez cause peut-être…

— Bah ! il vous fallait bien souper et coucher quelque part ; autant chez moi qu’ailleurs.

Fleuriot ne répondit pas, de peur de ne pouvoir modérer son indignation. Saisissant sa canne et son modeste bagage, il quitta précipitamment la Croix-Blanche.

Il longea l’unique rue de Saint-Rémy, en regardant avec attention les maisons qui s’élevaient à droite et à gauche. Arrivé à l’extrémité, il remarqua un bâtiment neuf de confortable apparence, qui semblait encore être une auberge. Au-dessus de l’entrée principale, une enseigne représentait une croix rouge de la plus grande dimension.

Raymond s’approcha de la porte cochère qu’un valet d’écurie ouvrait en ce moment ; et qu’on juge de sa joie quand il aperçut au fond de la cour, sous une remise, la berline qu’il poursuivait avec tant d’ardeur depuis la veille !