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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

berge de la ville ; mais il n’y songea pas une minute et se rendit sans tarder à la poste aux chevaux.

Là, il apprit d’une manière officielle qu’une berline, dans laquelle se trouvaient les deux personnes dont il donnait le signalement, était partie quelques heures auparavant, suivant la route de Paris. Tout à fait certain de ne pas s’aventurer sur une fausse piste, il demanda un bidet de selle afin de poursuivre les voyageurs, « qu’il avait, disait-il, le plus grand intérêt à rejoindre. »

On fit quelques difficultés pour lui confier un cheval ; mais Fleuriot se recommanda de plusieurs personnes honorables de la ville ; d’ailleurs il avait conservé sa casquette d’uniforme, et il laissait entendre qu’il s’agissait d’une affaire à laquelle l’administration des télégraphes était intéressée. Aussi finit-on par mettre à sa disposition le cheval demandé.

Alors Fleuriot put sérieusement espérer de réussir dans son entreprise. Quoiqu’il eût servi dans l’infanterie, il était assez bon cavalier, et on lui avait donné une assez jolie bête normande, solide et pleine de fond. Raymond ne l’épargna pas, et, dans les montées comme dans les descentes, il la maintint au galop. De ce train il ne pouvait manquer de gagner rapidement sur la berline, et, malgré l’avance qu’elle avait prise, il croyait pouvoir l’atteindre bien ayant la nuit.

Cependant il arriva au premier relais après Barbezieux sans l’avoir rejointe, ce qui du reste ne l’étonna pas. Son cheval était venu s’arrêter devant la maison de poste, et, suivant l’usage de ses pareils, aucune excitation du fouet et de l’éperon ne l’eût décidé à faire un pas de plus. Fleuriot, mettant pied à terre, demanda un nouveau cheval au valet d’écurie qui se présenta. Après quelques pourparlers, on accéda à son désir, la bête fatiguée qu’on connaissait pour appartenir à la poste de Barbezieux témoignant par sa présence que toutes les formalités voulues par la loi avaient été remplies au relais précédent.