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XIV

Auberges et aubergistes.


Raymond Fleuriot ne semblait nullement songer aux mortels embarras où il laissait sa sœur. Exalté par la colère, par le désir de vengeance, il franchit d’un pas rapide l’espace qui séparait la tour Verte du village de Puy-Néré, et atteignit bientôt sa demeure.

Dans la salle du rez-de-chaussée, il trouva sa mère qui surveillait la classe en l’absence de Lucile. La bonne femme, en le voyant passer sombre et agité, se leva tout inquiète :

— As-tu déjà quitté ton service, Raymond ? demanda-t-elle. Il n’est pourtant pas encore midi… Et puis, n’as-tu pas vu ta sœur ? Je croyais qu’elle était montée au télégraphe.

— Je… je ne sais pas, répliqua Raymond distraitement.

Et il gagna sa chambre.

Ayant opéré quelques changements de toilette, il mit dans ses poches l’argent de ses économies, ainsi que ses pistolets qu’il chargea soigneusement. Puis il glissa un peu de linge de rechange dans un carnier qu’il jeta sur ses épaules. Enfin il s’arma d’une canne solide, et, après avoir promené un lent et dernier regard autour de lui, il redescendit l’escalier.