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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

fait avec plus de force encore… D’où je conclus, ajouta le vicomte gaiement, que nous pourrions bien rencontrer Naz-Cisa avant peu… car voici le donjon et minuit va son ner. »

On arrivait en effet au pied de la tour Verte, dont l’immense silhouette se dessinait confusément sur le ciel. À cette hauteur, la brise nocturne se faisait sentir, et Fanny frissonnait de froid, aussi bien peut-être que de frayeur, sous ce souffle glacé. Cependant lorsque l’on s’arrêta devant l’ancien donjon de Puy-Néré, elle dit en affectant une indifférence railleuse :

— Vous êtes un charmant conteur, Hector ; mais la légende vous apprend-elle aussi le moyen de pénétrer dans cette masure ?

— Certainement, ma chère, et un moyen infaillible…. Vous allez voir !

Fanny entendit un cliquetis de ferraille ; puis, après quelques tâtonnements, une clef fut introduite dans la serrure, et enfin la porte tourna lourdement sur ses gonds. Une bouffée d’air chaud, humide, ayant l’odeur de moisi, frappa les deux associés au visage. Avant même que Fanny eût pu se remettre de son étonnement, Hector la prit par la main, l’entraîna dans la tour, et repoussa avec précaution la porte qui se referma.

Les deux chercheurs d’aventures se trouvaient au milieu de ténèbres profondes ; mais Cransac s’empressa d’enflammer une allumette et d’allumer la lanterne qu’il avait apportée. Alors ils purent reconnaitre qu’ils étaient dans une espèce de vestibule, au pied de l’escalier en colimaçon qui montait jusqu’à la plate-forme du télégraphe.

— Bon Dieu ! Hector, demanda Fanny stupéfaite, par quel miracle avez-vous pu vous procurer cette clef ?

— De la manière la plus simple et sans aucune espèce de magie. Vous oubliez que, en ma qualité de propriétaire du