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XII

La légende de la Naz-Cisa.


Fanny, en effet, passa le reste de la journée à tout préparer pour le départ. Les domestiques furent mandés par elle, l’un après l’autre, et reçurent des instructions particulières ; une forte gratification, ajoutée à leurs gages, et de belles promesses pour l’avenir, les mirent complétement dans l’intérêt de leurs maîtres. Linge et vêtements furent rentassés dans des malles que l’on pouvait clore en un moment. Le vicomte et sa prétendue sœur devaient voyager dans une berline à laquelle seraient attelés les deux chevaux de la maison, sous la conduite de John, jusqu’au prochain relais de poste. On ne désignait pas le but du voyage et l’heure du départ, mais il fallait que chevaux et voiture fussent prêts au premier ordre.

Pendant que Fanny était occupée de ces soins divers, le vicomte, enfermé chez lui, écrivait des lettres, brûlait des papiers, et semblait de son côté tout disposer en vue de certaines éventualités. Puis on l’entendit aller et venir dans la maison comme s’il eût opéré des recherches d’un grand intérêt dans les circonstances présentes. Lorsqu’il rejoignit Fanny dans la salle à manger pour le repas du soir, son visage trahissait une vive satisfaction. Fanny n’osait l’interroger en présence des gens de service ; mais, quand on