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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

— Peut-être l’aura-t-il caché dans quelqu’autre meuble de cette chambre ? reprit-elle.

— C’est possible. Cherchons.

Et mademoiselle Fleuriot se mit à bouleverser les tiroirs, les tables et le lit de son frère ; elle opéra des perquisitions jusque dans une pièce située à l’étage supérieur et qui servait de grenier ; tout fut inutile, le livre ne se trouvait pas.

— Que peut-il en avoir fait ? reprit Fanny en voyant Lucile s’asseoir épuisée ; l’aurait-il brûlé par hasard ? Non, non, madame ; il en resterait au moins des cendres dans la cheminée, et d’ailleurs Raymond sait que ce manuscrit peut un jour assurer sa fortune.

— Alors, il l’aura confié à quelqu’un ?

Il n’a pas d’amis dans le pays, et ce qu’il a refusé à M. de Cransac, il ne le confierait volontiers à personne.

— Où peut-il donc l’avoir caché ? L’aurait-il porté au télégraphe ?

— Oh ! pour cela, non ; il redoute par-dessus tout que Morisset et Bascoux aient connaissance de sa découverte…

— Mais attendez, ajouta Lucile en se frappant le front ; oui… ce doit être cela !

— Quoi ! vous savez où votre frère a déposé son manuscrit ?

— Peut-être ; écoutez-moi. Vous êtes montée, je crois, à la tour Verte, et vous avez pu remarquer dans l’escalier une porte basse qui se trouve au premier étage. Cette porte donne dans une pièce voûtée, qu’on appelle le cachot de la Naz-Cisa, et sur laquelle on raconte une lugubre histoire. C’est en effet une espèce de cachot, éclairé par des meurtrières, où les employés du télégraphe conservent diverses pièces de rechange pour le cas où la machine aurait besoin de réparations. J’y suis entrée une fois et c’est un triste lieu ; mais il est sûr, et quand la porte est close, vingt hommes armés de haches n’y pénétreraient pas, à moins