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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

« Une émeute a éclaté ce matin à Paris. Grâce au dévouement des troupes et aux habiles dispositions du général X…, les émeutiers ont été dispersés et force est restée à la loi. »

Comme on le voit, on était alors aux premières années si agitées du règne de Louis-Philippe, et cette dépêche, ainsi surprise, n’avait rien que de fort probable, éu égard à la situation politique de ce temps-là.

— Voilà une nouvelle qui ne manque pas d’importance, monsieur Fleuriot, reprit Cransac avec son indifférence factice ; mais, pour nous autres habitants de Puy-Néré, elle prouve seulement que le système télégraphique aujourd’hui en usage est bien le vôtre, et que décidément Ducoudray est un insigne fripon.

— Le croyez-vous, monsieur le vicomte ? s’écria Fleuriot transporté ; l’expérience vous semble-t-elle assez claire, assez concluante ? Ne suis-je pas en droit de me venger du misérable qui m’a volé le fruit de mon intelligence et de mon travail ?

Cransac n’avait plus le moindre doute ; néanmoins, comme il désirait se familiariser avec l’usage du précieux vocabulaire, il insinua qu’une nouvelle épreuve serait peut-être nécessaire pour établir les faits d’une manière incontestable.

— Vous avez raison, monsieur le vicomte, répliqua Fleuriot ; car si la « clef » dont nous nous sommes servis n’était pas la véritable, la dépêche pourrait avoir un sens diametralement opposé à celui que nous venons de trouver… Voyons donc encore une fois.

Le télégraphe de la tour Verte s’étant remis en marche, Fleuriot nota les nouveaux signaux, puis compulsa son vocabulaire pour les déchiffrer. Cette fois il s’agissait de la nomination d’un fonctionnaire à une charge publique, et la