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L’épreuve.


Le lendemain, dans la matinée, Hector de Cransac se rendit en tilbury à une bourgade voisine, où il y avait un bureau de poste. Il s’agissait d’envoyer à Brandin une lettre chargée, contenant un billet de banque, et, pour éviter tout malentendu, il avait voulu s’acquitter lui-même de ce soin important. Sa mission terminée, il reprit la route de Puy-Néré ; mais, comme il éprouvait le besoin de réfléchir en liberté aux embarras et aux dangers de la situation, il fit arrêter le tilbury à une demi-lieue environ du village, et, mettant pied à terre, il ordonna au groom de rentrer avec la voiture, pendant que lui-même continuerait la route à pied.

Bientôt donc le vicomte se trouva seul sur le chemin qu’ombrageaient quelques vieux châtaigniers. Le paysage autour de lui était toujours assez monotone ; c’étaient encore des plaines stériles qu’égayaient à peine quelques bouquets d’arbres, quelques champs de sarrasin aux fleurs blanches, ou de maigres vignes aux fruits vermeils. À l’horizon s’élevait la tour Verte avec son télégraphe, le point culminant de cette morose campagne. Cependant, ce jour-là, un beau soleil la vivifiait et le ciel était tout d’azur. Quelques oiseaux chantaient dans les buissons ; les sauterelles et les grillons